Un peu d'histoire

 

Les origines

L’histoire commence au Néolithique, quand les premiers fermiers ont amené les premiers moutons en Europe. Il semble que ces moutons aient été des races à queue courte, et leurs descendants ont été dispersés à travers toute l'Europe du nord voire plus loin par les vagues de colons de Norvège, d’Écosse et d'Irlande. C'était des moutons rustiques, bien adaptés à un environnement rude. Mais ils étaient aussi petits, et furent ensuite souvent remplacés par de plus gros moutons venus d'Europe du sud, qui produisaient de la viande en plus grande quantité. Au 19ème siècle, les races rustiques ne subsistaient plus que dans certains endroits isolés, notamment les îles du nord de l’Écosse , en Scandinavie, dans les îles Féroé, en Islande ainsi qu'en France sur l'île de Ouessant en Bretagne.

A cause de leur climat rigoureux et du terrain accidenté, nombreuses parmi ces îles isolées n'auraient pas pu accueillir d'autre bétail. D'où l'importance des moutons. Les îles Féroé tirent d'ailleurs leur nom des moutons, puis le mot Féroé provient d'un ancien mot Norrois signifiant » mouton ». C'est donc au sens littéral « l'île des moutons ». Tous ces ovins fournissaient de la viande, mais également de la laine bien sur ! C'est donc sans surprise que la laine et le tricot ont pris une part si importante dans ces communautés.

 La Scandinavie

On sait donc que les petits moutons que l’on associe tant avec les pays de l’Europe du nord furent dispersés à travers la région, principalement par les colons nordiques.  Pour beaucoup, le tricot est associé à la Scandinavie, et on pourrait penser que ce sont ces colons qui ont aussi introduit le tricot dans les pays où ils se sont installés, mais ce n’est pas le cas.  Les Vikings ont bien utilisé la technique du Nålbinding, et des exemples de vêtements fabriqués avec cette technique ont été trouvés dans ces pays.  Le textile qui en résulte ressemble au tricot, mais c’est une technique très différente et qui n'utilise qu'une seule aiguille. 

Il existe de nombreuses théories précisant exactement où et quand le tricot a été inventé, mais il trouve probablement ses origines au Moyen-Orient puis serait arrivé en Europe par l’Espagne et l’Italie grâce aux marchands et croisés.  De là il s’est ensuite répandu peu à peu vers le nord, et au final la Scandinavie était l’une des dernières régions où il est arrivé, les premières exemples des textiles tricotés datant du 16ième siècle.  Puis au 19ième siècle une révolution du tricot prit place à travers la Scandinavie: on commença à voir des motifs régionaux distincts, chaque communauté développant ses propres traditions pour faire la différence entre leurs costumes et ceux de ses voisins.  Le résultat fut le développement d’une grande variété de motifs qui explique pourquoi aujourd’hui le tricot scandinave demeure une vaste source d’inspiration pour les tricoteurs .

Les îles Britanniques

De toutes ces îles, celles qui ont sans nul doute les traditions les plus riches dans le domaine du tricot et de la laine sont les îles Britanniques. En tant que peuple insulaire constamment envahi par d'autres nations, les britanniques ont développé une grande aptitude à intégrer les forces d'autres cultures dans leur propre culture. Et le tricot n'a pas fait exception dans ce domaine, ce qui a donné naissance à une grande tradition de motifs. La laine fait partie de l'histoire et du patrimoine de la Grande-Bretagne, plus que toute autre de ses productions. Le tissage de pièces de laine a débuté dès l'age de Bronze. Lors de l’arrivée des Romains en 55 avant JC, l'industrie de la laine était déjà bien implantée. Les Empereurs Romains appréciaient énormément les tissus de laine britanniques «fins comme de la toile d'araignée ». Le commerce de la laine était le support de l'économie anglaise durant tout le moyen-age, les commerçants de toute l'Europe payant la laine anglaise au prix fort. Les vagues suivantes de colons venus des Flandres ou les Huguenots de France y ajoutèrent aussi leurs propres techniques, et au 17ème siècle la laine constituait jusqu'aux deux tiers des exportations anglaises. Les profits que cela générait ne passèrent pas inaperçus dans les autres régions de Grande-Bretagne, et c'est ainsi qu'aux 18ème et 19ème siècles l'élevage ovin fut aussi établi en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande. On pourrait dire que la laine et le tissage de tissus de laine ont constitué la base de la révolution industrielle britannique. Le résultat de cette importance prise par la laine fut l'énorme variété de races de moutons. Aujourd'hui ce sont plus de 60 races ovines qui peuplent les prairies britanniques, plus que dans n'importe quel autre pays du monde. Et l'élevage ovin y demeure une part importante de l'agriculture.

Les îles Malouines

La plupart des laines que vous trouverez ici sont produites exclusivement en Europe, à partir de moutons de races européennes. J'ai cependant fait une exception notable, et ce pour les îles Malouines (« Falklands » en anglais). En tant que territoire britannique, l'élevage ovin sur les îles Malouines fait partie de la tradition britannique, et la laine produite par les mérinos Falklands est d'une qualité exceptionnelle. Ces îles ont un climat et un terrain similaire à leurs consœurs de l'Atlantique nord, et des moutons y paissent depuis plus de 150 ans. Aujourd'hui, ce territoire de la taille de l’île de France héberge environ 2800 personnes et presque 500 000 moutons. Du fait de leur isolement et leur climat tempéré, ces îles procurent au bétail un environnement dénué de pollution, sans parasites ni insectes nuisibles. Ces moutons profitent donc de conditions de vie exceptionnellement bonnes, sans souci de myases, sans pesticides externes, et sans nécessité de leur faire subir le mulesing.

(N.B. Le mulesing est une technique chirurgicale d'ablation d'une partie de la peau périanale des moutons. Le mulesing est une pratique courante en Australie comme un moyen de réduire l'incidence de la myase sur les moutons mérinos dans les régions où la myase est commune, une pratique considerée cruelle et douloureuse.)